Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs

25/01/2011

Communiquer, collaborer, supporter, se taire, rager.

Voila cinq verbes qui résument bien ce que j'en pense de ces partenariats avec lesquels nous sommes censés faire passer notre "crèmerie" (dixit un collègue de français) auprès des élèves, AVEC un collègue, dans un cadre disciplinaire. Pour exister, on n'a pas vraiment le choix alors que personnellement, je déteste me vendre (j'ai eu ma dose d'entretiens d'embauche débiles et d'évaluations annuelles stupides) auprès de collègues qui s'en fichent ou qui aiment être seuls avec leur classe.
L'essentiel de mes partenariats est le fruit du hasard, de relations publiques naturelles et spontanées (car je ne suis pas une grande bavarde) et d'affinités avec le professeur concerné.

Le reste, ce sont les dispositifs, tous les projets qui font frémir les chefs d'excitation, bref, tout ce qu'on n'a pas vraiment choisi mais bon, c'est comme ça, on s'y colle, on fait avec...
C'est là qu'il faut supporter la collègue qui ne sait pas s'organiser (des dizaines de mini posts its dans le sac à main), celui qui ne sait pas se servir d'une messagerie et qui envoie 5 fois un mail vide, deux fois des erratums, le tout en arrosant 20 personnes là où deux auraient suffi, celle qui change tout à la dernière minute alors que deux comptes-rendus de réunion, cinq mails et une discussion avaient enfin permis de mettre les choses à plat et de prendre une décision, celui qui n'a rien compris et à qui une collègue documentaliste répond gentiment et qui me demande qui est cette personne et qui fait cette réflexion charmante au passage : "ah c'est une documentaliste, bon, tu me diras, le documentaliste est aussi un professeur, donc sa réponse peut-être prise en compte après tout" et enfin celle qui n'a aucune autorité, dans une classe de gamins insolents, mal élevés, faibles et violents, devant laquelle je dois passer pour faire régner le calme et l'ordre et la mise au travail de façon militaire, pendant qu'elle me laisse faire sans rien dire en hochant la tête.

Abracadabra, tous ces collègues ne sont qu'une seule et même personne.

Tout ceci s'est passé entre mercredi dernier et  ce matin.
Je suis enragée. Crevée, lessivée, écoeurée et anéantie.
Je ne peux pas aller me plaindre à ma hiérarchie, diviser pour mieux régner, merci, pas la peine.
Je ne peux pas discuter avec ma collègue, je ne saurai même pas quoi lui dire. Elle est dans son monde.
Le projet ne peut être arrêté mais je n'ai aucune envie de continuer. Il s'agit de donner envie aux élèves de lire, et tout ce que je fais, c'est faire taire les élèves, les forcer à mettre le nez dans le livre, mettre des mots dans les carnets et frémir de dégoût quand je vois les réactions de soutien des parents à leurs grossiers mouflets. Tout ce qu'elle devrait faire à ma place.
Parce qu'encore une fois il est question de reconnaissance, de conscience professionnelle, de mission (très tendance en ce moment). Je veux que ces gamins sachent que je suis professeur, que j'ai de l'autorité. Je veux qu'ils comprennent que leur attitude est déplacée et inacceptable. Je veux qu'ils apprécient le CDI, qu'ils aient envie de goûter aux mots. Je veux qu'ils comprennent que tous les professeurs ne sont pas comme ma collègue. Je refuse l'amalgame.
Au final, les louanges du projet ne me reviendront que très peu.
Je ne sais pas si j'en demande trop, si tout ce que je souhaite est incompatible avec la réalité. Ce que je constate c'est que je blogue sur mon temps de travail parce qu'il faut que tout cela sorte.

Un élève de SEGPA vient de m'apporter un bouquet de tulipes pas de saison, invendu gracieusement offert par l'hypermarché local à la section horticulture. Elles sont oranges et jaunes, sur le haut de ma banque de prêts. Une élève de 6e m'a dit "oh, elles sont belles madames" et elle passera à la récréation emporter à la maison celles que je n'ai pu caser dans mon magnifique vase-bouteille-en-plastique-découpé-aux-ciseaux.
Sacré métier.

24/01/2011

Lu en frissonnant : Au pays des Ze-Ka, Julius Margolin

Un gros pavé pour apprendre un tas de choses hallucinantes sur le système des camps soviétiques en pleine seconde guerre mondiale. C'est bien plus qu'un témoignage, une véritable oeuvre où l'auteur reste lucide de bout en bout sur ce qu'il a vécu, subi, survécu et enduré avec une faculté d'analyse sidérante sur une machine à broyer les hommes. A suivre en même temps sur un site de géographie pour situer l'Onega et les différents transferts au sein du réçit et tenter d'imaginer ce qui s'est passé pendant des années partout dans ces contrées remplies de camps de travail.

Julius Margolin 
Au pays des Ze-Ka
Le bruit du temps

21/01/2011

Fan de ?

Hier soir, après le collège, j'ai rencontré Timothée de Fombelle à la BNF, à l'initiative du Centre National de la littérature pour la jeunesse la Joie par les livres.
J'étais curieuse de l'entendre parler, tant je trouve sa langue belle dans ses romans. Et là,  surprise, il ne parle absolument pas comme dans ses livres : il bafouille, ne termine pas ses phrases, digresse, multiplie les anecdotes. Très bavard et plein d'entrain, je me suis régalée à l'écouter pendant deux heures. A peine eu le temps de réaliser que le public était composé à 99% de femmes!
Pour spoiler un peu, il écrit actuellement la suite de Vango à la BNF et en a même lu les premières pages en "exclusivité cosmique". Il prépare actuellement le scénario de Tobie Lolness 1 qui ne sera pas un film d'animation. C'est également un auteur et metteur en scène de théâtre dont je suis à présent curieuse de lire ou voir les pièces. Un bon moment hors temps professionnel, et pourtant!

14/01/2011

Sur la pointe des pieds

Des heures au lit dans le noir, avec ou sans rideau, des heures sous le plaid sur le canapé l'oeil larmoyant, des aller-retour mornes et moroses chambre-salon-cuisine, le front appuyé contre la vitre à regarder les gens vivre, un sac entier de mouchoirs en papier à la poubelle, un seul roman entamé et toujours pas terminé, l'impossibilité de garder contact longtemps avec ceux qu'on aime et qui viennent aux nouvelles, un amoureux sur tous les fronts, des soupes et des yaourts maisons mangés sans envie et la hantise, jour après jour, de ne pas se sentir mieux.
Repartir au collège parce que la date limite de l'arrêt maladie ne peut-être dépassée et qu'on n'a pas le courage de moisir à nouveau dans la salle d'attente du médecin.
S'entendre dire toute la journée qu'on a vraiment une sale tête et une petite mine. Se réchauffer le coeur avec le sourire des élèves ravis de voir la porte de nouveau ouverte. Prier pour ne pas avoir d'élèves pénibles dans l'heure qui vient. Attendre la fin de la réunion pour fermer les yeux. Rentrer chez soi se coucher sans mettre de lessive en route ni préparer la séance du vendredi matin avec les Segpa, dormir de 17h à 19h, et de 21h à 07h30, sans trève. Faire semblant de ne pas voir qu'on a plein de choses à faire pour soi, pour deux, pour les autres, pour les élèves. Tenir jusqu'au week-end.
Fait.
La grippe est mauvaise, la grippe est épuisante et 5 jours d'arrêt ne valent rien.
Je compte sur moi de pied ferme lundi matin.

06/01/2011

Tableau des absences

Je n'y figure pas, mais j'aimerai bien.
Cette semaine est la pire pour moi depuis la rentrée de septembre. Je n'en suis qu'au quatrième jour et tout mon corps crie grâce : la nuque, le nez, la gorge, la langue, les yeux, le cerveau, les mollets et les doigts de pied, entre autre.
Je passe des heures en mode monotâche (surveiller les élèves)...et rien d'autre, tant j'attends la fin de la journée pour rentrer chez moi en rampant (sans le vélo).
Le sous-chef m'a obligemment informé que je serais en toute logique inspectée l'année prochaine, car ils se sont mis à deux pour la réclamer. Comme c'est gentil. Moi qui ne demandait rien (passage d'échelon en mars et bon rang de classement au concours = je ne suis pas pressée d'acquiescer benoîtement à des conseils/directives/reproches de la part d'une personne qui n'a jamais fait mon métier)
Je me suis battue avec un collègue pour avoir un projet de séance et pas un lacher d'élèves désoeuvrés au CDI sans sa présence et j'ai gagné, il est même passé après s'encquérir de nos performances (satisfaisantes mais éreintantes).
Et là je sors pour entretenir mon capital relationnel mais la soupe et le pyjama sont déjà sortis.

Mise à jour du 07/01/2011 : je figure désormais au tableau des absences jusqu'à mardi inclus, pour cause de bonne grippe évolutive en laryngite. Je retourne me coucher.