Voila cinq verbes qui résument bien ce que j'en pense de ces partenariats avec lesquels nous sommes censés faire passer notre "crèmerie" (dixit un collègue de français) auprès des élèves, AVEC un collègue, dans un cadre disciplinaire. Pour exister, on n'a pas vraiment le choix alors que personnellement, je déteste me vendre (j'ai eu ma dose d'entretiens d'embauche débiles et d'évaluations annuelles stupides) auprès de collègues qui s'en fichent ou qui aiment être seuls avec leur classe.
L'essentiel de mes partenariats est le fruit du hasard, de relations publiques naturelles et spontanées (car je ne suis pas une grande bavarde) et d'affinités avec le professeur concerné.
Le reste, ce sont les dispositifs, tous les projets qui font frémir les chefs d'excitation, bref, tout ce qu'on n'a pas vraiment choisi mais bon, c'est comme ça, on s'y colle, on fait avec...
C'est là qu'il faut supporter la collègue qui ne sait pas s'organiser (des dizaines de mini posts its dans le sac à main), celui qui ne sait pas se servir d'une messagerie et qui envoie 5 fois un mail vide, deux fois des erratums, le tout en arrosant 20 personnes là où deux auraient suffi, celle qui change tout à la dernière minute alors que deux comptes-rendus de réunion, cinq mails et une discussion avaient enfin permis de mettre les choses à plat et de prendre une décision, celui qui n'a rien compris et à qui une collègue documentaliste répond gentiment et qui me demande qui est cette personne et qui fait cette réflexion charmante au passage : "ah c'est une documentaliste, bon, tu me diras, le documentaliste est aussi un professeur, donc sa réponse peut-être prise en compte après tout" et enfin celle qui n'a aucune autorité, dans une classe de gamins insolents, mal élevés, faibles et violents, devant laquelle je dois passer pour faire régner le calme et l'ordre et la mise au travail de façon militaire, pendant qu'elle me laisse faire sans rien dire en hochant la tête.
Abracadabra, tous ces collègues ne sont qu'une seule et même personne.
Tout ceci s'est passé entre mercredi dernier et ce matin.
Je suis enragée. Crevée, lessivée, écoeurée et anéantie.
Je ne peux pas aller me plaindre à ma hiérarchie, diviser pour mieux régner, merci, pas la peine.
Je ne peux pas discuter avec ma collègue, je ne saurai même pas quoi lui dire. Elle est dans son monde.
Le projet ne peut être arrêté mais je n'ai aucune envie de continuer. Il s'agit de donner envie aux élèves de lire, et tout ce que je fais, c'est faire taire les élèves, les forcer à mettre le nez dans le livre, mettre des mots dans les carnets et frémir de dégoût quand je vois les réactions de soutien des parents à leurs grossiers mouflets. Tout ce qu'elle devrait faire à ma place.
Parce qu'encore une fois il est question de reconnaissance, de conscience professionnelle, de mission (très tendance en ce moment). Je veux que ces gamins sachent que je suis professeur, que j'ai de l'autorité. Je veux qu'ils comprennent que leur attitude est déplacée et inacceptable. Je veux qu'ils apprécient le CDI, qu'ils aient envie de goûter aux mots. Je veux qu'ils comprennent que tous les professeurs ne sont pas comme ma collègue. Je refuse l'amalgame.
Au final, les louanges du projet ne me reviendront que très peu.
Je ne sais pas si j'en demande trop, si tout ce que je souhaite est incompatible avec la réalité. Ce que je constate c'est que je blogue sur mon temps de travail parce qu'il faut que tout cela sorte.
Un élève de SEGPA vient de m'apporter un bouquet de tulipes pas de saison, invendu gracieusement offert par l'hypermarché local à la section horticulture. Elles sont oranges et jaunes, sur le haut de ma banque de prêts. Une élève de 6e m'a dit "oh, elles sont belles madames" et elle passera à la récréation emporter à la maison celles que je n'ai pu caser dans mon magnifique vase-bouteille-en-plastique-découpé-aux-ciseaux.
Sacré métier.
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